Comme explora la psychologie, il y a différents types d’intelligence. Cette catégorisation, bien qu’elle soit bien précise, est incomplète. Néanmoins, cet écrit ne va pas fouiller dans cet aspect, mais il va approcher une autre dimension qui est plus générale mais qui est aussi utile en termes du niveau structurel de l’intelligence.
La société attache beaucoup de valeur à ceux qui peuvent conformer et performer, mais elle ne reconnaît pas que les idées les plus novatrices sont toutes perturbatrices, et il faut un changement de perspective. C’est une demande si radicale qu’il faut un changement de plan existentiel et un refaire des circuits mentaux, parce que c’est une blanc quantique qui ne peut pas se fermer de la croissance par étapes, quelque soit la vitesse et l’accelération de l’attrapage. C’est un progrès à l’infini mais sans jamais y arriver. Tel est l’excellence procédurale.
Le type de l’intelligence que l’on possède s’enracine dans son attitude existentielle, non seulement la puissance conventionnelle du traitement cognitif. Que recherche-t-on dans la poursuite d’éducation ? Est-ce le vouloir authentique pour le savoir, ou est-ce un besoin de devenir impressionnant, d’avoir l’air intellectuel, de gagner du statut et de la richesse ou toute chose comme tels ? Si la pensée se trouve la racine en acquisitions matérielles, on ne va gagner que des résultats conventionnels, ceux qui prennent forme et qui sont sensoriellement palpables, mais qui n’ont guère de valeur conceptuelle.
Pour la plupart du monde, si une activité ne produit pas de résultats mesurables à court terme, on la considérait comme étant inutile. À la surface, c’est logique, mais ce n’est qu’une vue encadrée. Que signifie “une vue encadrée” ? Autrement dit, ce n’est que de la subjectivité humaine. Preuve ? Même des ordures, si l’on sait les recycler, peuvent devenir utiles. C’est le relativisme en action. Donc, rejeter quelque chose comme pleinement sans utilité est un signe évident de l’ignorance.
Par conséquent, les attentes comme telles déterminent déjà quelle(s) sorte(s) de résultats qu’une personne va réaliser sur le niveau existentiel, et c’est non négociable. Cette position mentale ouvrit la voie à tout ce qui d’inévitable qui suit : la formation de l’intérêt central dans le système d’exploitation aux facultés intellectuelles. Avec le temps, ce centre d’intérêt qui se renforce devient une fonction automatique, un mécanisme bien ancré qui dicte quels plans d’action peuvent prendre forme. De cette cause, dans la vie sociale, il faut pouvoir livrer des performances standardisées. C’est précisément là que naît le fossé entre la performance novatrice et la performance procédurale.
L’humanité est, depuis longtemps, consciente du fait que pas tout le monde n’excelle dans l’exécution des plans, et que certains sont plus forts en vision et planification stratégiques plutôt qu’être dans une position de l’exercice de pouvoir d’un sens de visibilité. En d’autres termes, les archétypes distincts exercent leur propre influence différemment. Cependant, il reste que peu sont conscients que le plan conceptuel et le plan exécutif sont différents. Il reste toujours que l’on assimile seule la performance en conformité avec la standardisation à la compétence. La vraie question, c’est “quelle genre de compétence parle-t-on ?” Il vaut le coup de reconnaître la capacité de ce type, qui est la “compétence procédurale”.
Cette compétence a son rôle qui est nécessaire pour l’entretien des structures existantes, mais le vrai problème survient quand l’aptitude procédurale est généralisée au point de dégénérer en une simplification excessive que l’on la regarde comme la seule marque de l’excellence. Le pire, cette simplification à l’étendue de bêtise se radicalise en un état de perspicacité du public par défaut.
La procéduralité est inévitable. Elle est une propriété émergente de la sociabilité, un mécanisme de l’existence collective. Elle sert de colle de cohésion sociale, car de l’angle de biologie évolutionnaire, la survie humaine dépend énormément du pouvoir de collectif. Alors, comment cela se passe ? Dans un environnement où les enjeux sont élevés, des mesures mal connues sont moins préférées parce qu’elles sont considérées comme plus risquées si elles ne sont pas encore rigoureusement testées ou peu reproductibles. En résumé, il faut non seulement l’efficacité mais aussi la reproductibilité pour toutes solutions. Par contre, il est extrêmement difficile de présenter des nouvelles solutions si l’on n’est plus ouvert à la nouveauté et déjà durci avec le système en place. Quand le sens de justesse se fossilise (ce qui est correct ou incorrect), la dégradation commence son cours irréversible.
Ce mécanisme sociétal ne se dissipe jamais. Il évolue avec le temps. Dans ce monde moderne, il prend une nouvelle forme : la forme civilisée et industrielle. Dans un monde où la production en masse est favorisée, dont l’éducation, la procéduralité devient même plus renforcée avec la présence d’une technologie avancée. L’homme construit des systèmes industriels pour s’institutionnaliser, se monopoliser et se rendre prestigieux dans le but ultime de maximiser le profit. On a créé une société où l’obéissance sans clarté outrepasse la raison et tout bon sens. La plupart des gens deviennent des produits programmés, des produits conçus par un système qui impose et donne des récompenses pour la conformité.
Finalement, le monde se transforme en une entité obsédée par la performance procédurale qui entraîne la superficialité, qui est aveugle à la valeur de la diversité. Certes, il faut une diversité stratégique, pas celle qui prospère sans toutes régulations. La superficialité d’aujourd’hui n’est pas nouvelle ; elle est ancienne, mais elle est devenue systématique plus que jamais en temps actuel. Le crédentialisme est un corollaire et une preuve claire pour ce phénomène. Les mécanismes procéduraux sont déjà trop instillés que c’est impossible de désamorcer la situation.
Sur le crédentialisme, pour protéger l’idéal d’une éducation pure qui transforme et transcende l’esprit humain, maints efforts se sont faits à travers des décennies. Résultat, on a bien réussi avec l’établissement des systèmes scolaires prestigieux de renom irréfutable mondial, comme l’Université PSL, l’Université Paris-Saclay, l’Université de Sorbonne, et le système des Grandes Écoles en France, entre autres comme Harvard, MIT, Oxford, Cambridge, et cetera. Cependant, un phénomène parallèle se passe : le durcissement de l’idée que les diplômes égalent la qualité d’éducation et que tous ceux qui y sont formés sont les cerveaux garantis de premier rang. Pendant que c’est généralement vrai pour ces systèmes éducatifs eux-mêmes et ceux qui comprennent leur essence, la vraie perversion de pathogène et malveillant s’établit quand l’impression durcie de “diplôme égale qualité” se déplace vers l’esprit publique qu’est intronisée l’ignorance et les raccourcis mentaux d’instincts primitifs vainquent la raison et la sagesse. C’est là où le fait d’avoir un diplôme parle plus fort que la compétence elle-même. Comme cela, on ne fait que retomber dans une pratique ancienne d’une forme moderne : l’idolâtrie, où les diplômes sont les nouvelles idoles. C’est là où l’homme civilisé converge avec l’homme tribal ; en substance, cette mentalité primordiale n’a jamais changé, sauf le changement en forme qui prend des étiquettes spécifiques par ère.
La procéduralité risque toujours de déformer toutes idées novatrices si une conscience de la valeur de la différence ne se cultive pas. Quant aux institutions, bien qu’elles sont à servir le but de garder l’esprit de la transformation et de la liberté, certaines d’entre elles vont finir par se tuer de l’auto-fossilisation où leur essence, qui ne s’engendre pas mais empruntée, se déplète.
Ultimement, mais ironiquement, avec la centralisation de la procéduralité, la fin où l’on parvient est l’autre extrême de notre idéal au début : la libération. L’idée obsessionnelle d’une stabilité absolue ou une “perfection désirée” qui s’entretient durablement, sur laquelle on n’arrive pas à arrêter la fixation, n’est qu’une autre forme de l’extrémisme, et qui est, paradoxalement, un itinéraire plus court vers la destruction.
Pour conclure, la procéduralité est un mécanisme naturel qui assure mieux la survie, mais sans cultiver de la conscience, l’humanité n’est qu’après tout un être littéralement robotique programmé à la procéduralisation et l’optimisation automatiques qui, par contre, sans se réfléchir, mèneraient à la termination de nous-mêmes. Rien qu’une diversité stratégique peut annuler l’effet de cette rigidification intellectuelle.

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